Voyage du 12 juin 2010
Une belle journée en Touraine
Ce 12 juin est un samedi potron-minet pour les échansons en quête d'aventures.
Départ du car à 6 h 28 pour les Angevins, à 7 h 32 pour les Saumurois. Et, discipline, discipline, pas de retardataires. Les globe-trotters sont à l'heure.
Direction Noyers-sur-Cher. Recta ! Enfin presque. Quelques tours de ronds-points impromptus nous font tournebouler la tête avant même d'avoir bu une goutte !
Avant que l'ensommeillement ne gagne les échansons lève-tôt, Patrice Besnard fait une brève présentation du domaine de Thierry et Dorothée Michaud : grande diversité des cépages et de la production (vins rouges, blancs, rosés, gris, Crémant), toute en appellation Touraine.
Après quelques errements superflus dans St-Aignan et Noyers, nous arrivons chez les Michaud.
Tout le monde descend. Non ! Tout le monde remonte ; accompagné de Thierry Michaud qui nous conduit dans ses vignes. Le ciel est bas, lourd, noir. Mais c'est la chance aux échansons : la pluie restera en l'air toute la journée.
Pour éviter les inévitables évasions d'esprit, je vais tenter de faire un condensé succinct, mais néanmoins fidèle, du cours magistral de notre vigneron passionné sur l'art et la manière de faire du bon raisin.
Oyez ! Oyez ! Sachez que l'appellation Touraine couvre les départements du Loir-et-Cher et de l'Indre-et-Loire. Selon notre professeur, une étendue qui entraîne une grande disparité dans les vins produits. Disparité qui est préjudiciable à l'image de l'appellation Touraine. Il y a donc en cours une demande d'appellation Touraine-Chenonceaux, qui engloberait les meilleures parcelles de la région. Réponse en septembre.
Le domaine Michaud couvre actuellement 25 ha. Les cépages cultivés sont : le gamay (3 ha), le côt (3 ha), le cabernet franc (4 ha), ainsi que le pinot noir, le pinot d'Aunis et le pinot gris, pour les vins rouges. Pour les vins blancs, le sauvignon est roi (11 ha).
Jusqu'en 1992, les Michaud cultivaient complètement leurs vignes (buttage en automne, labourage au printemps, désherbage en été). A partir de 1993, ils utilisent le désherbage chimique intégral, beurk ! Moins glouton en main-d'œuvre. Après 5 ans, nouvelle remise en question. Les parcelles sont labourées par roulement. Pour les autres on laisse pousser l'herbe entre les rangs de vignes, et on la tond avec le tracteur enjambeur, en même temps qu'une autre opération, comme le rognage. Le rognage consiste à limiter la hauteur des pieds de vigne. Plus ceux-ci sont hauts, plus le vin a de degrés (environ 1° par 20 cm supplémentaires). Les Michaud rognent à 1,40 m, 20 cm de plus qu'il y a 20 ans (donc des vins ayant 1° de plus).
Pas d'engrais chimiques. Beurk ! A la plantation, les nouvelles vignes sont nourries avec du fumier de vache en couches épaisses. Hum ! Elles sont cultivées jusqu'à enracinement, vers 4 - 5 ans. Après 7 -8 ans, apports réguliers de potasse et de magnésie, ainsi que de compost.
Pour l'ébourgeonnage, les Michaud utilisent la taille Guyot, en laissant 6 à 8 zyeux. Ensuite l'effeuillage des pieds de vigne côté nord et est permet un meilleur ensoleillement des grappes. Au contraire, les feuilles côté ouest protègent les raisins du soleil couchant qui pourrait brûler les grains.
Le domaine Michaud est situé sur des sables graveleux et des sols à silex. Il y a 6000 pieds de vigne à l'hectare. Etc... Etc....
J'espère que ce court résumé ne vous a pas ramolli l'attention, car le meilleur reste à venir : un grand branle-bas de lève-coudes.
Retour au chai en car. Dans la cave-hangar, de hautes cuves en inox alignées le long du mur, une grande table, quelques rangées de verres et un carton de dives bouteilles impatientes de se faire déguster.
Oyez ! Oyez ! Spécialement pour les échansons, Thierry Michaud révèle quelques secrets de fabrication : les grappes sont déversées directement dans le pressoir, en évitant ainsi l'acheminement par vis ou par aspiration qui stresse le raisin. La durée d'extraction du jus dépend de la concentration : de 2h30 pour les petites années, à 3h30 pour les meilleurs millésimes. Donc, plus c'est long, plus c'est bon. Ensuite fermentation naturelle sans levures.
Plop ! Le premier bouchon saute. Un Touraine blanc 2009, 100% sauvignon, 12,8°, un excellent nez. Un brouhaha de déglutitions résonne sous la voûte.
Plop ! Le deuxième bouchon saute. Une cuvée Eclat de Silex, sauvignon vieilles vignes 2009 (40 - 45 ans). Particularité, Thierry Michaud pratique une macération sur une partie de la vendange (50 - 60 %). Cela apporte plus de gras et de rondeur en bouche. La fermentation de ce 2009 a été particulièrement longue : jusqu'en décembre. Résultat : 13,6° !
Pour que le sauvignon ait une bonne aptitude au vieillissement, il faut des sols graveleux. Comme ceux du domaine Michaud. Pour nous le prouver; notre hôte nous ouvre un 2000. Excellent.
Fini les blancs, on passe aux rosés.
Un 2009 composé de 30% de côt, 30% de sauvignon, 20% de pinot noir et 20% de pinot d'Aunis (vous pouvez vérifier, cela fait bien 100%).
Puis un Gris des Faitiaux 2009 (90% pinot gris et 10% pinot noir).
Après cette petite mise en bouche, les choses sérieuses : les vins rouges.
D'abord un Gamay 2009 tout en finesse, puis un Côt 2009 plus rugueux.
La cuvée Ad Vitam 2008 est un assemblage de côt et de cabernet franc. Sa capacité de vieillissement est importante. Pour le vérifier nous dégustons un Ad Vitam 2003. Encore un peu rugueux. Peut attendre.
L'Aeternam 2007 est un Ad Vitam vieilli en fût de chêne. On sent effectivement le bois.
Pour finir en beauté, Thierry Michaud nous ouvre un Crémant de Loire. Un assemblage de 60% de chardonnay et chenin et de 40% de pinot noir et cabernet franc. Glouglou ! Glouglou !
Pour conclure cette excellente dégustation, notre hôte déclare : "J'ai fini de vous embêter...". Concert de protestations des échansons : c'était passionnant ! Jean-Pierre ajoute "Nous avons bu vos paroles".
Retour dans le car, direction une ferme-auberge perdue au mitan des champs et des vignes. Notre président prend le micro pour remercier Patrice Besnard de nous avoir fait découvrir ce sympathique vigneron. Applaudissements nourris. Porté par cet enthousiasme, celui-ci nous fait la présentation de la visite de l'après-midi : le festival international des jardins du château de Chaumont-sur-Loire. Un long texte poético-philosophique sur le thème du festival 2010 : "Jardins corps et âme". Deux citations pour le plaisir :
"La beauté est une promesse de bonheur", Stendhal,
"J'étais parti faire le tour de mon jardin quand mon ami a commencé le tour du monde. Lorsqu'il est revenu, je n'avais pas fini le tour de mon jardin", Alphonse Karr.
Après les nourritures de l'esprit, les nourritures terrestres. La ferme-auberge est coquette, enchâssée entre jardin fleuri, potager et élégante courette. La spécialité de la maison est le fromage de chèvres. Sur les tables, nous attendent donc des toasts de chèvre frais avec un apéritif de couleur rose. Puis, le menu « produits » de la ferme :
Salade du jardin au chèvre maison râpé
Terrine de foies d'agneau et de volaille du chef
Coq de la basse-cour aux champignons de Mareuil
Assortiment de chèvres
A cet instant un échanson réclame l'after-chèvre. Là-même arrive un clafoutis aux cerises du verger. Badaboum ! C'est la fin de la saison : les cerises se font rares.
Guy rappelle à la cantonade qu'aujourd'hui c'est sa fête. Le président le congratule en faisant remarquer que 2010 sera une année exceptionnelle : il y aura deux Saint-Guy. Icelui annonce que pour fêter l'évènement il offre le pétillant de Touraine.
Échansonnes, échansons, buvons !
Les dames du groupe se pressent pour faire la bise à Guy. Bonne fête Guy !
Subitement le téléphone de Guy sonne à répétition. Celui-ci nous fait un numéro comique à la Coluche. La serveuse esbaudie fait remarquer "vous avez un gai luron chez vous". Renzo rectifie "un gui luron !".
Le banquet s'achève. Le trésorier encaisse les chèques pour les bibs de Savennières. Denis annonce : "Pour les repas, 22 Euros par personne !". Ite missa est !
Thierry Michaud est venu nous rejoindre avec sa camionnette pour livrer les bouteilles achetées par les échansons. Transfert des cartons dans le coffre du car. Et en voiture, direction Chaumont.
Nous arrivons à 15h40, et nous devons repartir à 16h30. Un peu court pour profiter pleinement des 24 jardins du festival. Mais ce que nous en voyons, nous donne l'envie de revenir.
Juste comme nous repartons, le ciel fête à sa façon cette belle journée : il lâche la pluie qu'il retenait aimablement depuis le matin.
Là, je vous entends susurrer, Jean-Louis va encore nous dire : "Ah ! Mes amis quel voyage ! Les absents, les excusés, les ramollos, les partis ailleurs, les mal-en-point, et tous les autres, quel dommage que vous n'ayez pu participer à cette mi-carême réchauffe corps et âme". Et bien Oui ! Je vous le dis : "Quel dommage !".
Heureusement vous aurez une session de rattrapage... l'année prochaine.
Echansonnes, échansons, buvons !
Jean-Louis Bourgouin