Mise en bouteilles du 27 mars 2010
Une belle journée de printemps
Rendez-vous à 10 h 30 au Petit Parc. Lieu mémorable d'une soirée accord mets-vins réchauffe-cœur. Mais aujourd'hui, pas question de mondanités : on est là pour se faire les biceps. La poignée de volontaires est rassemblée sous l'abri de chasse. Les machines à embouchonner sont prêtes, les cubis bien alignés, les casiers à l'arrêt : il ne manque plus que les flacons. Pas de panique, Bernard arrive avec la camionnette Ackerman, lourde d'une palette chargée de bouteilles... vides bien sûr.
Il ne reste plus qu'à organiser le train-train. Patrice B dispose les tables. Trois cubis sont équipés de leur robinet, et c'est parti pour une matinée tire-vin.
Inès et Jean-Pierre remplissent les casiers à bouteilles, puis Philippe, Bernard V et Jean-Pierre installent leur séant pour attaquer dare-dare le remplissage. Le Châteauneuf commence à couler, psitt, floc, plouf ! Et patatra ! Problème technique ! Jusqu'à quelle hauteur faut-il remplir les bouteilles ? Bla-bla animé. Patrice B intervient : il doit y avoir 5 mm entre le vin et le bouchon. Fichtre, pas facile pour un œil inexpérimenté, surtout qu'il n'y a pas de bouchon quand on remplit. Un cri arrache-tripes vient confirmer la chose : "Ça déborde !". Puis recueillement studieux. Concentration maximale. Silence, le vin coule.
Après cette mise en route couci-couça, les bouteilles commencent à se remplir.
Florence et Bernard prennent en main les machines pousse-bouchons, Patrice G prépare des cartons et Claude ramasse les bouteilles pleines. Une queue leu leu d'icelles se forme lentement.
Repatatra ! Un bouchon se met de travers dans la machine de Florence. Claude accourt à son secours et expulse illico le méchant bouchon.
Patrice B maugrée : "Le remplissage ne va assez vite". Mais il n'y a que trois tireuses. Impossible d'augmenter la cadence. Patrice décide d'accélérer ce remplissage traîne-savate. Il remplace Bernard V.
Inexorablement, le stock de bouteilles vides s'épuise. Claude va à la camionnette remplir les casiers vides.
Florence, en plein embouchonnement, lance une remarque : "Ce vin a du corps". Réflexions goguenardes de quelques échansons. Mais non, Florence ne picole pas en douce, c'était seulement un trop-plein.
Jean-Pierre est le premier à atteindre le fond de son cubi. Michèle vient l'aider à soutirer les ultimes glouglous. Cocorico ! Le premier cubi est vide. Le président propose une dégustation, genre pause syndicale. Branle-bas de verres et de bouteilles. Unanimité : ce Châteauneuf-du-Pape a vraiment du corps.
Après un grand tohu-bohu de conversations, la chaîne se remet en marche. Jean-Pierre récupère un cubi plein à ras bord, Patrice G aide Philippe à finir le sien, tandis que Claude se charge de lui en apporter un deuxième bien renflé.
Patrice G mitraille pêle-mêle les échansonnes et les échansons attelés à leur dur labeur rythmé par le gloup lancinant des bouchons qui s'enfoncent dans les goulots.
Donc, tandis que tous s'affairent avec dextérité, le maître de bouche s'active en cuisine. Il coupe en petits dés d'appétissants filets de hareng, tandis que Catherine et Chantal préparent la table. Dans la cheminée, de grosses bûches disposées par Denis, Patrice et Guy, flambent joyeusement.
Jean-Pierre attaque son troisième cubi, Inès approvisionne les soutireurs avec des casiers de bouteilles vides et ramasse avec Michèle les bouteilles pleines. On approche les 200.
Le président, satisfait, admire le résultat : "Un travail bien commandé est déjà à moitié fait" déclare-t-il, boute-en-train. Il ajoute "Savez comment déboucher une bouteille sans tire-bouchon ?". Brouhaha. "Avec une vis et une pince multiple". Sur ces bonnes paroles, nouvelle pause dégustation. On n'est pas aux pièces ! Imperturbable, Jean-Pierre continue à vider son troisième cubi, entouré des échansons qui l'encouragent, gouailleurs, le verre à la main.
La mise en bouteille finie, il faut encore remplir les cartons. Patrice B, la liste des commandes à la main, énonce les noms et les quantités ; Inès remplit les cartons ; Patrice G inscrit le nom du destinataire sur chaque carton.
Palsambleu ! On allait oublier les étiquettes. Catherine arrive à temps avec le tas d'étiquettes, triées en paquets de six par Catherine et Florence. Répartition dans les cartons. Ite missa est.
Après l'effort, le réconfort. L'équipe du matin passe à table.
Denis enfouit dans les braises de la cheminée, quelques dizaines de pomme de terre en papillotes. Dans la cuisine, les côtes de bœuf badigeonnées à la moutarde sont prêtes à rôtir ; sur le gaz, les échalotes mitonnent dans une sauce au vin de Bordeaux. Floc ! Floc !
En guise d'apéritif, Denis nous offre un Sancerre de sa réserve. A propos de Sancerre, il nous évoque un excellent restaurant dans le centre ville : Les Cordeliers (?). A ceux qui seraient tentés d'y aller, il conseille de se recommander du président du club de rugby d'Angers.
Pour la mise en bouche, Denis a prévu des rillettes. Jean-Pierre nous offre un Croze-Hermitage 1999 de chez Chapoutier. Comme le fait remarquer Florence, l'association est peu commune !
Ensuite, Denis nous régale d'une salade de lentilles aux harengs, escortée d'un vinaigre de sa fabrication, à base des restes de vins des dégustations des échansons. Guy, blague-à-froid, s'étonne que Denis nous ait servi un hareng qui n'a pas de goût. Notre cuisinier, flegmatique, reste sur son quant-à-soi.
Bernard J a apporté deux vins de Bordeaux, soldé à un prix tape-à-l'œil. On goûte le Château Maucamps 2003, un cru bourgeois Haut-Médoc qui sera proposé à 8,95 Euros par le rat-de-cave d'avril. Le deuxième est un Château Roc de Boisseaux, St-Emilion Grand Cru 2005, au même prix.
Slurp ! La côte de bœuf et les pommes de terre sont à point. La délicieuse sauce aux échalotes et une petite crème aux herbes accompagnent la ripaille. Tout le monde se régale à gogo. Yves a apporté un Pomerol 2000, qui s'accorde pile poil avec le plat.
Une discussion s'engage sur la date et le lieu de la dernière mise en bouteilles. Après d'âpres salamalecs, il semble qu'elle remonte à 4 ou 5 ans. Savennières et Maury. Cette mise en bouteilles est une première au Petit Parc.
Un St-Nectaire, marié avec un Morgon 2006 de Patrice G, clôt le repas.
L'instant pleure-manman de la séparation arrive. Un dernier carré s'assemble autour de la machine à café. On y philosophe mezza voce sur les mérites et les travers de la pêche et la chasse.
Ah ! Mes amis quelle journée ! Les absents, les excusés, les ramollos, les partis ailleurs, les mal-en-point, et tous les autres, quel dommage que vous n'ayez pu participer à ce raout apporte-bonheur. Ah ! Si vous aviez vu ces échansons pleins d'allant, le muscle bien chaud, l'œil attentif, l'esprit tendu. Ah ! Si vous aviez entendu ce charivari de sornettes joyeuses, de rires flonflons. Et si vous aviez ressenti ces vibrations complices, si vous aviez senti ces fumets inénarrables, si vous aviez humé ces jus de treille remue-méninges. Vous auriez accouru ventre à terre. Qu'on se le dise !
Echansons, échansonnes, buvons !